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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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30 juillet 2014

Une vie française

 

CVT_Une-vie-francaise_1490enfant

"Perdre un enfant... c'est un tourment qui ne finit pas, un poids qui n'écrase pas les épaules mais, plus insidieusement, pèse à l'intérieur de nous-même et enserre le coeur."

arbre

Il m'arrivait souvent de procéder ainsi. Repérant l'arbre vers midi, je m'installais près de lui jusqu'aux belles lumières du soir. Nous avions en quelque sorte le temps de nous habituer l'un à l'autre. Sans doute enviait-il ma mobilité, tandis que j'admirais la patience et la persévérance qui lui avaient permis de s'enraciner ici des siècles durant."

malheur

" Et ma mère tomba à genoux. Je n'avais jamais vu quelqu'un s'affaiser avec autant de soudaineté. Elle n'avait même pas eu le temps de raccrocher le téléphone. J'étais à l'autre bout du culoir, mais je pouvais percevoir chacun de ses sanglots et les tremblements qui parcouraient son corps. Ses mains sur son visage ressemblaient à un pansement dérisoire. Mon père s'approcha d'elle, raccrocha le combiné et s'effondra à son tour dans le fauteuil de l'entrée. Il baissa la tête et se mit à pleurer. Silencieux, terrifié, je demeurais immobile à l'entrée du corridor. En me tenant à distance de mes parents, j'avais le sentiment de retarder l'échéance, de me préserver encore quelques instants d'une terrible nouvelle dont je devinais pourtant la teneur. Je restais donc là, debout, en lisière de la douleur, la peau brûlante et l'oeil aux aguets, observant la vitesse de propagation du malheur, attendant d'être soufflé à mon tour. Mon frère Vincent est mort le dimanche 28 septembre 1958 à Toulouse, en début de soirée. La télévision venait d'annoncer que 17 668 790 Français avaient finalement adopté la nouvelle Constitution de la Vème République"

homme, femme, personnalité

« Oui, mes parents ressemblaient à ces hommes et ces femmes débordant de sève et d'espérance alors qu'ils n'étaient que deux troncs creux, absents, immobiles au milieu du fleuve. »

visage

« Faiblement éclairé, le visage de Marie Blick était encore plus terrifiant que de son vivant. Il semblait exprimer un concentré des plus indignes sentiments humains. Je remarquai que ses yeux n'étaient pas totalement clos et j'imaginai alors qu'à travers la fente de ses paupières cireuses, cette femme infâme continuait, par delà la mort, à surveiller la lente évolution des gènes qu'elle avait transmis à sa descendance. »

déprime

" Rien n'est plus terrible qu'un 24 décembre dans une clinique psychiatrique, lorsque tombe la nuit et que s'allument les quelques guirlandes dont se pare l'institution. Même les repas de fête que l'on s'efforce, en cette soirée, de servir aux malades ont un côté tragique, dérisoire."

naissance

« Toutes les tensions accumulées durant la phase du mariage furent oubliées dès l'apparition du bébé. En regardant tous ces adultes bêtifier ensemble ou séparément au dessus de ce petit être je songeais que les naissances, comme les morts d'ailleurs, ont l'étrange pouvoir de lubrifier les cœurs et d'effacer les ardoises surchargées du passé. »

désamour

 « J'écrivis à Sinika pendant trois ou quatre mois. Elle m'envoya des poèmes et des photos d'elles. Puis, un jour, elle y ajouta un cliché de son chien qui ressemblait à une sorte de vieille banane en peluche. Je ne saurais dire en quoi la vue de cet animal transfigura mes sentiments, mais, en l'espace d'une seconde la plus aimée, la plus douce et la plus belle femme du monde sortit définitivement de mon cœur et de ma vie. »

"Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées de l'habitude qui précédent le couloir infini de l'ennui. Tout cela est embossé dans le creux de nos cœurs."

travail, bonheur

 « J'établissais les fiches de congés payés des travailleurs du bâtiment....c'était un travail comme il en existe des milliers, sans intérêt, une sorte de chaîne administrative, survivance d'un autre siècle, un emploi simplement misérable qui grignotait votre vie, sorte de petit cancer salarié qui ne vous tuait pas, mais simplement, jour après jour, paralysait les muscles du bonheur. »

menteur

« Mentir ne le gênait pas. C'était une nécessité de l'existence ni plus ni moins. Le lubrifiant indispensable qui permettait aux humains de se fréquenter et de se supporter temporairement. Sans la viscosité du mensonge, le monde aurait vite fait de se gripper. »

correcteur

"Claire, ma mère, ne parlait guère de son métier de correctrice. Elle m'avait sommairement expliqué une fois pour toutes que son travail consistait à corriger les fautes d'orthographe et de langue commises par des journalistes et des auteurs peu regardants sur l'usage des subjonctifs ou les accords des participes passés. On pourrait croire qu'il s'agit là d'une tâche relativement paisible, répétitive, et en tout cas peu anxiogène. C'est exactement le contraire. Un correcteur n'est jamais en repos. Sans cesse il réfléchit, doute, et surtout redoute de laisser passer la faute, l'erreur, le barbarisme. L'esprit de ma mère n'était jamais en repos tant elle éprouvait le besoin, à toute heure, de vérifier dans un monceau de livres traitant des particularismes du français, le bon usage d'une règle ou le bien-fondé de l'une de ses interventions. Un correcteur, disait-elle, est une sorte de filet chargé de retenir les impuretés de la langue. Plus son attention et son exigence étaient grandes, plus les mailles se resserraient. Mais Claire Blick ne se satisfaisait jamais de ses plus grosses prises. En revanche, elle était obsédée par ces fautes minuscules, ce krill d'incorrections qui, sans cesse, se faufilait dans ses filets. Il était fréquent que ma mère se lève de table en plein repas du soir pour aller consulter l'une de ses encyclopédies ou un ouvrage spécialisé, et cela dans l'unique but d'éliminer un doute ou bien d'apaiser une bouffée d'angoisse. Ce comportement n'était pas spécifique au caractère de ma mère. La plupart des correcteurs développent ce genre d'obsession vérificatrice et adoptent des comportements compulsifs générés par la nature même de leur travail. La quête permanente de la perfection et de la pureté est la maladie professionnelle du réviseur."

école

"L'école ou la faculté ne me sont jamais apparues comme des lieux d'apprentissage ou d'épanouissement mais plutôt comme des centres de tri chargés de remplir, selon la demande, usines et bureaux."

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