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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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8 août 2014

N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures

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proverbe

N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, dit le proverbe tsigane. On n'entre pas impunément chez les Manouches, ni dans leur présent, ni dans leur mémoire. Je l'apprendrai plus tard. Il existe en chacun de nous un lieu qui nous ressemble. Le leur semble éclaté à jamais ." 

enfant, temps

 " Alba veut revenir dans sa peau d'enfant, remettre le tablier trop court qui laissait voir ses genoux tout noircis. Elle veut revenir sur le marchepied de la caravane du temps où il n' y avait qu'un petit frère, du temps où la soupe était épaisse, du temps où la mère enlaçait de sa voix claire chaque heure du jour."

" Alba perd vite le goût du jeu et des escapades à travers bois. elle voit les choses glisser peu à peu dans une peau froide, la mue d'un temps qui la comblait à un temps nouveau qui fige ses mouvements d'enfance"

arbre

" Sur la route qui descend au village, les chênes et les platanes sont une voûte bienveillante à nos passages" 

"Les arbres sont comme les hommes. Tous se valent mais ils n'ont pas la même manière de s'élever, d'aller toucher le ciel."

" Alba regarde les arbres qui longent la route.Depuis toujours, ils lui annoncent le bon vouloir du vent et des saisons, les fruits à venir. Ils sont là pour la protéger du soleil dans un royaume mouvant d'oiseaux de toute sorte." 

mort

" Ma mère! Tu deviens petite, tu deviens une fane, une plume. Je touche ta peau et ça te fait mal. Je n'ai pas voulu te laisser. J'ai voulu aller respirer. J'ai couru pour toi, j'ai ri pour toi, j'ai prié pour toi. La voix d'Alba redevient murmure. les deux visages se soudent tandis que la nuit les enveloppe. Louis ne quitte pas sa femme des yeux depuis qu'il a senti son dernier souffle."

coeur, amour

" Elle le pousse encore une fois mais lui s'entête à vouloir la suivre. Il lui prend la main, la serre très fort. Elle sent qu'il lui empoigne le coeur et elle n'y peut rien." 

tristesse

" Le sentiment d'avoir perdu pour toujours sa première enfant l'attriste. L'homme qu'il était à son arrivée ici a déjà dû se séparer de plusieurs morceaux de lui même, son cheval, ses gestes de saltimbanque....Ca souffle à l'intérieur, c'est de plus en plus creux. Un froid qui s'installe dans son corps et plombe le moindre de ses gestes. "

cheval

"Les chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse. Ils sentent l'orage, les drames, imposent le respect aux gadjé, emportent des familles entières où bon leur semble. c'est à cheval qu'on sonde l'horizon. c'est à cheval qu'on s'enfuit, qu'on enlève les fiancées, qu'on traverse les forêts, les contrées inconnues, qu'on franchit les regards hostiles." 

mains

"Maria demande qu'on lui apporte de quoi tresser. Elle ne peut laisser ses mains trop longtemps immobiles. Ses mains vivent pour elles, lui enseignent le monde à travers toutes ses aspérités, ses creux, ses sillons, ses rondeurs. Elle aime travailler avec les joncs très fins et fabriquer de toutes petites corbeilles."

honte

"  - Leurs vêtements sont beaux et propres mais leur coeur est sale. Regarde-les toujours dans les yeux. N'aie jamais honte. La honte, c'est le contraire de la fierté."

manouche

" Le jeune Manouche, ses yeux sombres, sa silhouette dansante, sa force, semblent venir d'un autre âge, d'un monde qui impose le respect. J'aime ce qu'il y a de terre, d'eau , d'air dans ce visage, ces mains aux ongles noirs....j'aime ce qu'il y a de libre dans le mouvement des yeux, de la bouche, ce qu'il y a de l'oiseau dans ce corps mouvant et léger. Une façon d'être entre le danseur et l'arpenteur."

" L'idée de la guerre s'enfonce en eux, alourdit leurs pas. Ils sont tous français. Une identité qui prend la couleur et le poids de la honte. On les rassemble, on leur promet un hébergement pour mettre fin à leur soi-disant nomadisme qui doit être éradiqué comme une maladie honteuse. Ils sont devenus une menace.A quels guerriers s'apparenter à présent, eux qui n'ont à défendre que le territoire du vent? Pourtant des hommes sont déjà partis au front. Et plus tard ils seront réquisitionnés pour le STO. En cela, on sait les reconnaître français, oubliant leur race à part."

marche

" La marche reprend sous une bruine tenace. Il reste encore quelques kilomètres avant d'atteindre la ville. Ils ne sont plus voyageurs, ils sont convoyeurs de leur peur, de leur incompréhension. La route n'est plus un chant. La fatigue et la pluie ont eu raison des jeux des enfants. Les dos se voûtent. Les paniers sont portés plus bas. Par moment, on n'entend que le chuintement des roues de bicyclettes sur la chaussée mouillée." 

" Durant la toute dernière partie du voyage, ils avancent hébétés comme si on leur avait intimé l'ordre de marcher sur l'eau. De fait, c'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliers ce jour de novembre 1940." 

"Finalement, ils avancent tous les deux dans ce jour désert, traversent le camp, en font le tour, recommencent. Perdre le goût du mouvement serait perdre le goût de la vie. Louis s'entête dans cette marche étrange. Leurs pas résonnent dans le vide et le silence." 

feu, âme

"Louis écoute les derniers soubresauts du feu jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un chuintement minuscule, un murmure. Il sent son corps s'amoindrir, devenir un filet d'âme. Il pourrait être l'âme du feu, se répandre en silence et en cendre, déserter les siens et renaître plus tard."

convoitise

"Déjà les règlements de comptes agitent de nombresues familles ici. La faim, le froid attisent des haines surgies de choses minuscules. Là où auparavant on donnait toujours sa part au plus pauvre, on ne voit plus l'autre pareil. La misère n'est plus transparente, les nouveaux murs cachent la vie des uns et des autres, des mensonges, des envies y faisandent. On se met à convoiter ce qu'on imagine de l'autre côté, plus de bois, plus de pain, de sucre, ou les faveurs d'un gardien. Louis n'aime pas la tournure que prennent les choses, l'ennui qui éteint les regards et les voix, les jalousies nouvelles qui brisent les liens et cette peur toujours latente qui ruine l'espoir."

violon

"Le violon grince un son incroyable. La corde manquante donne à sa musique un courant froid qui s'engouffre dans les âmes. Le vieil homme n'a pas la force de ruser contre ce souffle sournois. Il regarde son instrument un instant, prostré, puis le pose sur ses genoux. Il se met à pincer chaque corde restante. Une rythmique lente et grave prend forme. Il joue la patience, il tambourine la patience, il transmet la patience note après note. Et la patience s'égoutte ainsi en chacun d'eux. Les soupirs s'accordent, les enfants s'endorment un à un. Tout le monde oublie qu'ils n'ont pas mangé à leur faim. Ils laissent le son les pénétrer comme une eau froide qui apaiserait leur révolte."

neige

" Le lendemain, un nouveau silence les attend au réveil. La neige est là. Le plus doux des envahisseurs a pris possession des lieux. La noirceur des baraques, les pieux fichés tout autour, le tas de déchets, les fils ployant sous des hardes gelées sont méconnaissables. Tout est fondu dans un blanc presque pur. Des gens se tiennent sur le seuil. Ils tremblent de cette beauté inattendue autant que de froid, semblent communier à l'unisson du silence et de la neige. Quelque chose s'offre à eux, réduit les aspérités des murs. Quelque chose les enserre et ce n'est plus ces palissades noires, ces barbelés. cela dure quelques minutes tout au plus, le temps pour eux de se frotter les yeux, de se frapper les épaules pour briser l'illusion et ce froid si dur. Les enfants, eux, peuvent y croire plus longtemps."

internement, enterrement

"Puis le voyage dans le train, René qui tentait de descendre à chaque arrêt : Chabanais-Excideuil, La Rochefoucauld, les soldats partout, la découverte de la zone occupée, le ventre vide depuis deux jours et ces mots qu'il ne comprenait pas : Camp d'internement. Le gosse répétait à tous les voyageurs du train : "Il est où, le champ d'enterrement?" 

valise

" Alba ouvre la première valise : rien que du linge blanc, des layettes, des draps finement repassés et pliés. Ca sent le jardin des maisons, le tilleul et la sauge, ça sent aussi la vieille armoire, un mélange du dehors et du dedans. C'est un peu comme le mouvement de cette vieille dame, un pas en avant, un pas en arrière et son absence pour ne pas recevoir leur merci."

 

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