Le crime d'Ovide Plouffe

prophétie, mère, coeur

" Et si cette prophétie allait se réaliser ? S'il devait arriver à ses fils des épreuves épouvantables ? Elle n'aurait jamais dû prononcer cette menace grandiloquente. Le destin n'obeit-il pas trop souvent aux appréhensions du coeur des mères ? "

guerre

" Qu'est-ce donc que la guerre avait tué en lui, adolescent jadis si insouciant, si calmement heureux ? Il faut supposer qu'après avoir vécu cinq ans de drame extraordinaire, on ne peut plus se réadapter aux petits bonheurs."

séductrice, sensualité

" Dans la splendeur épanouie de la trentaine, elle était bien la même qui avait bouleversé Ovide dix ans auparavant, mais ses talents de séductrice avaient atteint un degré de perfection étourdissant. Dès qu'un regard masculin touchait le sien, ses lèvres devenaient humides, elle croisait et décroisait ses superbes jambes, tout son corps ondulait de façon subtile dans une troublante offrande."

champion, mari

" On perd sa femme si on ne devient pas le champion qu'elle a espéré. Ovide tenta de bomber le torse, mais ses épaules retombèrent aussitôt et ses yeux un instant agressifs retrouvèrent leur regard de noyé."

fuite

" Mais cette fois il s'enfuirait seul n'importe où et pour toujours. Il écrirait une lettre d'adieu à Rita, à sa mère, à sa fille, en leur avouant son échec total. Il leur demanderait pardon et les supplierait de ne point le chercher, de le considérer désormais comme un atome anonyme dans le tout appelé genre humain."

mensonge

" - Et la petite ? fit-il, redevenu sérieux. - La voisine la garde. Elle te cherchait ce matin pour te donner  son baiser, mais pour pas l'énerver, je lui ai dit que t'étais parti à New York. Ovide nota que chez Rita, le mensonge s'avérait une constante dont la virtuosité ne se démentait jamais."

"Denis se frotta les mains et songea que le mensonge est comme une roche lancée dans l'eau calme: elle produit des cercles, mais on ne peut jamais prévoir combien."

infirmité

" Un des grands privilèges des infirmes, c'est de savoir évaluer les gens. Parce qu'on est en retrait, comme en dehors de la danse."

joie, cerveau, bonheur

" - Nous déménageons d'ici. Je me lance en affaires. Un domaine formidable ! - Hourra ! applaudit-elle. Rita ne pouvait tolérer bien longtemps une situation embarrassante. Elle jouissait d'une appétence naturelle pour les petites joies successives qui excitaient son étroit cerveau, pour les heureuses surprises en chapelet qui vous donnent l'impression d'un bonheur recommencé à chaque instant."

cercueil, bois, commerce

" Josaphat ausculta de la jointure le fond d'un cercueil qui rendit un son fragile. - C'est trop mince, patron, un beau jour, ça va lâcher. Gédéon repoussa cette remarque d'une bouffée de "pet de saint Jude" qui fit tousser le contremaître. - Tu vois tout en noir, Josaphat. En général on meurt maigre, très maigre. Surtout aujourd'hui que les cancers augmentent. Ça sert à rien d'épaissir le fond; le bois pourrit dans la terre, mince ou épais. Pense aux vivants, à l'homme d'affaires qui veut faire son profit et contrôle ses coûts. C'est comme ça qu'on peut battre nos concurrents, par l'économie sur le transport et par la minceur du bois."

 pardon

 " Il s'imaginait mal entrant chez lui et réveillant Rita pour lui déclarer solennellement: "Je te pardonne, tournons la page." Il hochait la tête faiblement. Mais sa mère continuait de lire dans ses pensées.  - Oh ! ça s'accomplit pas en criant lapin, ces choses-là. Mais ça vient tranquillement. En attendant, si ton coeur est bon, et je pense qu'il l'est, commence donc à essayer. Une goutte de pardon par jour. Plus tard, quand le verre sera plein de toutes ces gouttes, vous retrouverez le plaisir de vivre et vous vous aimerez encore plus, parce que la souffrance aura passé sur vous deux."

 procès, justice, loterie, culpabilité

 " Dans cette ville de Québec où il ne se passait apparemment jamais rien, être choisi pour décider de la culpabilité de l'accusé équivalait à gagner à la loterie."

accusé, qualités, défauts, vie

" Ovide, dans son box, était effaré du nombre de gens qu'il avait croisés pouvant parler de lui. Il se croyait inoffensif, sans importance, méconnu, et voilà que des dizaines d'individus avaient une opinion sur ses qualités, ses défauts. Il se dit qu'on ne se rend souvent compte de cette réalité qu'à la fin de sa vie."