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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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19 octobre 2015

Les gens dans l'enveloppe

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vie, peau, instants, photos

"On ne retient pas la vie, on peut juste s'en souvenir. La vie est comme les secondes, elle se fiche de nos efforts, elle coule dans son perpétuel effacement. Du sable entre les doigts, une goutte d'eau sur une pierre chaude. "

" Nos peaux sont des enveloppes qui entourent ce que nous sommes vraiment et qu'on ne verra jamais. Les jambes nues de mamie Poulet sont de la couleur des cierges, sa peau est une cire opaque, un boyau increvable qui retient la vie."

" Pas une trace de Michelle à part celles que son doigt mouillé dessine la nuit sur la peau de Serge, petites marques d'escargot, des empreintes invisibles pour conserver la seule chose qui vaille, le chavirement de ces instants à peine vécus déjà évanouis."

"sa peur est une rivière qui a creusé une vallée entre les deux destins qu'elle refuse, paysanne ou ouvrière.Rien n'arrête son flot, ni les racines, ni les barrges,elle grossit jusqu'à devenir un courant redoutable qui emportera tout sauf sa terreur d'être de ceux à qui n'arrive que l'écume des choses. Cet inenviseageable d'une vie pour rien."

" Je ne sais toujours pas dire précisément ce qui m'émeut dans les photos. Elles me parlent de ce qui se vit et se meurt en même temps. Elles me racontent la beauté de l'instant unique qu'on ne revivra jamais. Elles me chantent l'effort vain de l'humain pour retenir la vie."

" Par la fenêtre je vois les arbres que "mamie Poulet" voyait, un pommier plein de fruits, des buissons. La lumière est jolie. J'aimerais capturer l'instant, l'emprisonner dans un cadre, attraper la douceur et l'importance de ce moment qui ne se reproduira plus. Cela s'appellerait une photographie. La prendre, je n'ose pas."

"Andrée et Marie-Louise sont deux petites mésanges si vieilles qu'il me semble pouvoir trouver sur leur peaux Carbone 14 un peu de l'atmosphère qu'ont respirée Laurence, Eugène et Germaine. Ce ne serait pas de la poussière, ce serait des années, toute une vie déposée."

"Je ne suis pas une enfant. Je suis autre chose, un corps qui attend que ça commence, un être qui pousse tout seul, sans que personne ne s'en occupe. Une espèce de touffe d'herbes sauvages, un bas-côté, une pierre peut-être, une voie sans issue, un bout du monde."

 collection, moments, ennui

" Je ne lui parle pas de mes collections de moments, les moments pleins, les moments vides, les moments où je n'ai peur de rien, les moments sans penser et la plus fournie : la colection des moments d'ennui."

regard, absence, monde

" Papa s'assoit à l'écart avec une bière, l'hameçon de son regard est jeté derrière tout, cet air de ne rien voir qu'il a. Je sais ce qu'il regarde pendant des heures : il fixe l'absence de ma mère."

"Adossé à un arbre, j'observe la baignade de deux chiens dans le ruisseau. Je les dessine dans ma tête, je peine à rendre la transparence de l'eau sur leur poil. Je me demande ce que serait le monde en mon absence. Une fille adossée à cet arbre pour observer des chiens ou aucune fille adossée à cet arbre pour observer ces chiens : rien d'essentiel ne manquerait, tout ce qui compte vraiment serait là, l'arbre, le ruisseau, les chiens. Complètement le même monde, sans moi. J'en déduis une collection parfaite pour ma collection de réflexions inutiles."

amour

" Nous dormons parfois ensemble et je l'écoute dormir. Jamais je ne lui dis que je l'aime. Dire Je t'aime, c'est se souvenir d'un temps où je ne t'aimais pas, c'est envisager celui où je ne t'aimerai plus. Dire Je t'aime serait donner une fin à l'amour. Je lui donne l'infini silence de mon amour."

" T'aimer, c'est comme aimer le vent Et tu sais mon épicéa, qu'étreindre le vent, on ne peut pas. T'aimer c'est te perdre tout le temps."

chagrin, larmes, adieu

" J'exerce toujours la méthode des larmes retenues, personne ne sait le chagrin qui chemine en moi. Il a creusé des grottes souterraines et chanté des échos noirs à faire frémir la ronde des fantômes. Son flux érode toutes mes fondations, mes piliers grignotés et mes poésies d'orphelinat."

" Elle aime Serge dans ce chagrin qu'elle lui fait, elle l'aime dans l'instant de l'adieu plus que dans la somme de toutes leurs années."

" Je ne sais pas où elle a enterré ses larmes et ses secrets."

virage

" Pour couper le virage, il faut se concentrer, ne penser à rien d'autre qu'à la route, la machine, la trajectoire. Il y a un endroit dans la courbe où tout coïncide, la vitesse, le corps, l'équilibre. Il y a un endroit infinitésimal où l'on est exactement à sa place."

ascension, descente, ville

" Il a quitté son giron de pâturages et de toitures pentues pour la modernité d'un trois- pièces-vide-ordures-chauffage-central...il est le fils Grandjean descendu en ville, et cette descente est son ascension. Fut le mouvement."

place, bouger

" Les jambes de Michelle agitées d'orties. Aucun endroit où elle puisse poser son corps sans chercher les issues, aucune place dont elle puisse dire Ici est ma place."

rire, enfance

 " Lorsqu'elle éclate de rire, des cailloux d'enfance entrent en éruption et un lave heureuse dévale leur coteau."

attente

" Allongée dans un fauteuil en toile, elle attend juste le jour d'après. S'empilent les heures vaines, dans l'absence de tout."

âge, vieillesse

" Il a soixante-neuf ans, cet âge où les hommes deviennent vulnérables, leurs forces s'en vont, ils ont peur de tomber de l'échelle, de ne plus pouvoir se défendre si on les attaque, de perdre la vue, les dents, la vie. Il a l'âge émouvant où l'on se fait une raison."

avant

" Michel dit qu'il aime bien le cinéma ,enfin qu'avant il aimait bien, maintenant c'est terminé, c'est comme la musique, les chansons, tout ça, terminé, il n'écoute plus rien, même plus Joe Dassin ou Johny Halliday qu'il aimait bien, avant. On dirait que ce mot, avant, a été créé pour lui, un petit mot pour ne pas se jeter dans le vide, un mot qui dit Viens, prenons l'escalier pour descendre le passé, sinon nous risquerions de tomber la tête la première dans la pente."

gentillesse, gentil

" Elle a gardé d'elle le souvenir d'une femme gentille. Gentille, un autre adjectif englobant qui dit tout et rien, qui fige mais n'incarne pas."

amour, alcool

" Pour Laurence, c'est un mauvais film. Elle voit son père s'éloigner, accaparé par cette femme excentrique, violente et dépensière. Ils vident les bouteilles et les comptes en banque, Michel est arrêté au volant avec plus d'alcool dans le sang que d'amour chez sa passagère."

livre, poussière

" Laurence m'envoie un mail. Je lui ai dit qu'Alex avait l'idée de faire chanter sur le disque de l'Enveloppe. Il aimerait qu'ils interprètent eux-mêmes les reprises des chansons qui ont compté pour eux. - C'est toujours aussi dingue cette histoire, écrit Laurence. Tu sais que je n'ai encore rien dit ? Pas même à mon amie de toujours, j'ai l'impression que c'est un peu irréel et qu'en lui racontant, tout s'effacerait comme si on soufflait sur un tapis de poussière, tu vois ce que je veux dire ? Je vois tellement ce que tu veux dire, Laurence, que je fais des livres pour mettre cette poussière sous cloche, que pas un gramme ne se perde, je vois tellement que même la poussière des gens, je l'aime."

tendresse

"Sa tendresse est la mer que j'attendais pour savoir nager."

 

 

 

 

 

 

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