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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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27 décembre 2020

Chiens perdus sans collier

 

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histoire

" je dédie cette histoire trop grise ou trop rose, peut être. Mais ces teintes impures, c'est le sang des enfants et le blanc de l'hiver et le noir de la ville qui, en se mêlant, les lui donnent."

enfant, tribunal, hôpital, police, vol, papiers, délinquance

" - Regarde ! dit le convoyeur qui l'avait rejoint, voici un panorama célèbre : ici, le Palais de Justice...A gauche, le Tribunal de Commerce et la Préfecture de Police..Et là, derrière l'Hôtel-Dieu, un très vieil hôpital...Tribunal, Police, Hôpital : en trois mots de grande personne, il avait bâti un monde de pierre où le petit respirait mal et se sentait le ventre vide."

" - J'apprends que M.Doublet vient d'être nommé Substitut au Tribunal pour enfants. Avec M.Doublet comme "Accusateur  public", vous aurez quelques difficultés ! M.Lamy passa son doigt sur sa mèche blanche : - C'est déjà commencé. Hier même, une histoire de vélo volé..." Monsieur le Substitut, lui ai-je répondu, quand un enfant vole une bicyclette, qu'est-ce qui importe à la société, le sort de la bicyclette ou celui de l'enfant ?"

" Ce juge était un malin : on avait l'impression de décider soi même ce qu'il voulait ! Marc lui avait promis de lui écrire...Tu parles ! Des lettres qui iraient grossir ce dossier rose, sur la couverture duquel on lisait, d'une écriture de prof : Forgeot Marc ! Car les grandes personnes sont ainsi : on parle avec elles, eles vous sourient, et puis, de tout cela, elles font des papiers, toujours des papiers..."

" ils m'auront toujours ! Une matinée au ministère de l'Education nationale, trois heures au ministère de la Justice, presque autant à la Santé Publique...Oh ! ce n'est pas leur faute ! Ils travaillent comme des nègres - autant que nous ! - mais c'est sur du papier, voilà le drame...Tout s'arrange si bien sur le papier ! On compose une Commission à peu près comme un pot -au -feu : un représentant de ceci, et de ceci, et de cela. On laisse mijoter quelques heures autour d'un tapis vert. Elle nomme une sous-commission, qui nomme un rapporteur, qui est bien embêté parce qu'il ne peut nommer personne...Enquête, rapport, conclusions, cabinet du ministre (un nouveau ministre, entre-temps), signature, circulaire, statistique, etc. On est un Dieu sur le papier ! Malheureusement, c'est quand leur travail est fini que tout commence. Quand le pauvre type : vous, moi, l'Inspecteur de la Santé, le Directeur de l'Hôpital, au soir d'une journée harassante, reçoit un papier illisible et le traduit en gosses, en malades, en vieilles, en kilomètres...Et personne n'a tort, dans l'histoire. Si, moi seul : de râler ! "

" Substitut auprès d'une chambre correctionnelle, les jours, les audiences, les années se succédaient pour lui, délicieusement semblables. Vol de bicyclette : 3 mois; coups et blessures : 50 000 francs; récidive : je double ! et je signe et paraphe en trois exemplaires....Comme tous les enfants du monde, M.Doublet avait joué à l'épicier (" ça nous fait 30 francs ! A qui le tour, messieurs-dames ?") ; au curé avec de petites bougies et un gros livre; au petit postier en signant, épinglant, tamponnant. Eh bien, les trois jeux se poursuivaient à la fois, et dans un milieu charmant, respectueux, acquisceur...Il y avait bien les prévenus, les témoins, le public - tous ces gens mal rasés, aux yeux brillants, et qu'on n'aurait pas aimé rencontrer dans la vie. Mais une barrière de bois et de gardes en uniforme vous séparaient d'eux. On les faisait taire, ils baissaient la tête, partaient et jamais plus on ne les reverrait ! "

" la salle des pas perdus - salle du temps perdu, des pleurs perdus..."

" "Dans deux ans, tu en auras dix-huit, dit M.Lamy à Paulo : ne commets plus une seule bêtise ! Car alors ce serait Fresnes, tu le sais ! Tu ne tiens pas à être enfermé toute ta vie aux frais de l'Etat, non ?" Enfermé...Qu'y avait-il donc d'enfermé derrière ce visage de pierre grise ? C'étaient d'autres coupables, inconnus à Paulo lui-même, que M.Lamy condamnait dans ce gosse : le patron du bistrot où se saoulait son grand-père; le fournisseur en gros de Nord-Africains qui avait importé les amants de sa mère; le Président-Directeur Général qui, sur le vu d'un rapport de productivité, avait fermé l'atelier de son père (sans se demander s'il n'existait pas d'autres solutions); le Ministre qui avait fait abroger les seules lois antialcooliques capables de sauver ce pays, le producteur de films "interdits aux moins de seize ans"; le rédacteur en chef magazine de faits divers...C'étaient des gens puissants, décorés et dont certains allaient à la messe le dimanche, que jugeait M.Lamy, mais c'était le petit qu'il condamnait : "Paulo l'invincile, l'enfant du Malheur...""

" On ne peut comprendre l'homme délinquant qu'après avoir étudié l'enfant délinquant."

chiens, deux

" ils coururent après le chien, cape en main, matador de plomb...Au moment où les agents allaient l'atteindre - et déjà la bête immobile, les oreilles couchées, la queue basse, tremblait sur place - un autre chien la rejoignit. Il venait du quai de l'Horloge; un chien- loup sans collier, mais perdu depuis peu : avec un jour ou deux d'errance en moins dans les pattes. Il montra les dents sans même grogner, sans ralentir son trot; les hommes s'écartèrent et les deux bêtes repartirent ensemble, à la même allure, vers les quais. "Ils sont sauvés, pensa Alain Robert. Sauvés, j'en suis sûr..Parce que l'autre est arrivé....parce qu'ils sont deux...." Sauvés parce qu'ils sont deux...Mais le secret des chiens perdus n'est-il pas aussi celui des enfants abandonnés ? Alain robert ne sait pas qu'en ce moment même, de l'autre côté de cette ville inconnue, Marc s'apprête à le rejoindre. Marc..- mais patience ! Le destin qui conduit l'un vers l'autre les enfants perdus,le Destin souriant à deux mains:sa droite,la plus habile s'appelle le Medecin;sa gauche,celle du coeur,le Juge des enfants."Sauvés parce qu'ils sont deux..."

midi

" M.Lamy, le juge des Enfants, regarda furtivement sa montre.  "Lui aussi attend midi ", pensa le Docteur. La grande confusion de midi : quand personne ne comprend plus rien à la discussion et ne cherche plus qu'à contrarier le voisin sans se contredire trop ouvertement; quand l'humeur tient lieu de raison, et la véhémence de bonne foi..L'heure où n'importe qui, proposant n'importe quoi, peut l'emporter, à la condition qu'il se soit tu jusqu'alors, qu'il s'exprime clairement et surtout qu'il tienne un papier à la main.A midi, quand leur ventre commence à parler, ce n'est pas un homme intelligent ou sincère qu'ils réclament mais seulement un homme nouveau. Et c'est la même chose assurément, en Conseil des ministres, aux conférences internationales, partout où se joue le destin du monde."

psychologie, conseiller, miroir

" - Il y a longtemps que je souhaitais vous en parler, docteur, que je souhaitais comprendre : comment pouvez-vous mettre vos malades en confiance avec cette froideur ? - Pas froideur : objectivité.....- J'aurais cru, du moins qu'avec les enfants...-Oui , c'est une grande tentation que celle de tapoter les joues : de se faire aimer du pauvre gosse que ses parents aiment si mal. Mais à quoi cela sert-il d'avoir pitié, d'attendrir et de s'attendrir puisqu'il faut adapter les enfants aux parents qu'ils ont, même détestables ?...Alors, un ton uniforme, ne jamais juger, les mettre face à face avec eux même : n'être qu'un miroir. A ce moment, leur angoisse s'effondre et l'on peut commencer à parler...."

 

saison, nature, hiver, automne, soleil

" Le soleil d'arrière saison éclairait un automne factueux et résigné. Semblable à une reine qui se serait entièrement parée pour attendre la mort en silence, la nature somptueuse pressentait tristement l'hiver. Le vent menait encore son monde à grandes guides; bientôt, il tirerait sur les rênes et l'hiver montrerait les dents."

liberté

" La liberté, c'était ces deux écoliers qui venaient d'abandonner leur cartable au pied d'un arbre et se poursuivaient, pèlerine au vent..."

billet, argent

" Alain Robert sortit alors un billet neuf et l'autre changea de visage. "Les billets neufs, ce sont les bonbons des grandes personnes ! "

 confiance

" La confiance ! Ce sont les seules menottes et les seuls barreaux qui retiennent les gosses : la confiance..."

mère, père, vieillesse

" - Madame votre mère vit-elle encore ? - Mais...oui ! (L'espace d'un instant une expression enfantine a ensoleillé son visage.) - Alors, vous ne pouvez déjà pas comprendre ce que c'est que de n'avoir plus de mère. Mais ne pas en avoir, Doublet, n'en avoir jamais eu, aucun de nous ne peut le comprendre ! C'est un peu comme si nous cherchions à savoir quelle notion un aveugle peut avoir de la lumière..."

" Il avait trouvé son père, plus maigre, plus gris, sa mère plus grave. Il ne savait pas que ceux qu'on aime vieillissent, dès qu'on a le dos tourné.."

surnom

" - C'est "Croc-Blanc" qu'on vous appelle, n'est- ce pas ? demanda Vémard après un instant. Tous ces surnoms me semblent ridicules, mais le vôtre me plaît...Il signifie aussi que vous avez la dent dure ! - Pour jouer, jamais pour mordre."

religion, église, chrétien

" Il s'agit justement de créer un monde où les chrétiens seront de plus en plus inutiles..Un jour viendra où ils n'auront plus de valeur historique. Les églises ne seront pas détruites : elles seront vides. - Il suffit d'un chrétien pour remplir un église, dit Croc-Blanc."

Dieu, amour, jalousie

" - Monsieur Lamy, dit lentement Croc-Blanc, on ne peut donner que ce qu'on a reçu. Cela fait partie de la justice du monde, de l'horrible logique du monde. Le petit Alain Robert n'a rien à donner. - Vous oubliez un détail, fit le juge d'une voix altérée : vous oubliez Dieu. Et lui se moque bien de la logique du monde ! Si l'espoir n'existe pas, qu'est-ce que je fais ici, cette nuit ? C'est entendu, vous avez raison; mais raison à la manière des médecins, des psychiatres et des psychologues, c'est à dire neuf fois sur dix. Mais la dixième chance, mon petit ! la dixième chance qui s'appelle la Grâce, si des hommes comme vous et moi ne la jouent pas, qui la jouera ? Vous tenez tant que cela à donner raison à ce monde tel qu'il est ? et comment voulez-vous leur prouver l'existence de Dieu, si vous ne prenez pas de risque ? Si vous ne vous inscrivez pas, de temps en temps, en faux contre leurs certitudes, contre leur désespoir ? Nous ne sommes que des instruments, conscients ou inconscients, tous ! Mais de qui ? C'est ce choix qu'on appelle la liberté, Croc-Blanc. Préférez-vous être au service de l'Espoir et de la Confiance ou au service des statistiques et des "Je vous l'avais bien dit..."? Moi je vous affirme qu'Alain Robert a besoin d'amour."

" Mais ce n'est pas si mauvais : être jaloux c'est prendre conscience de son amour."

homme

" - Tu me jures que ce n'est pas toi ? Que tu n'en savais rien?...Alors je vais te planquer ! Je me démerderai.....Le contraire même de ce qu'il fallait faire ! Mais les hommes sans défense, pareils à ceux qui ne savent pas nager, n'agissent qu'à contretemps et se noient."

 

 

 

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