Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Les  citations sérieuses du docteur Chabry
Archives
12 juillet 2021

Pilote de guerre

 

91j2B9wso0L

homme, enfance

" J'éprouve du plaisir à goûter ce soleil, comme à savourer cette odeur enfantine de pupitre, de craie, de tableau noir. Je m'enferme avec tant de joie dans cette enfance bien protégée ! Je le sais bien : il y a d'abord l'enfance, le collège, les camarades, puis vient le jour où l'on subit des examens. Où l'on reçoit quelque diplôme. Où l'on franchit, avec un serrement de coeur, un certain porche, au-delà duquel, d'emblée, on est un homme. Alors le pas pèse plus lourd sur la terre. On fait déjà son chemin dans la vie. Les premiers pas de son chemin. On essaiera enfin ses armes sur de véritables adversaires.  La règle, l'équerre, le compas, on en usera pour bâtir le monde, ou pour triompher des ennemis. Finis, les jeux ! "

guerre, aviation, mort

- "En trois semaines nous avons perdu dix-sept équipages sur vingt-trois. Nous avons fondu comme une cire. J'ai dit hier au Lieutenant Gavoille:
-Nous verrons cela après la guerre.
Et le Lieutenant m'a répondu:
-Vous n'avez tout de même pas la prétention, mon Capitaine, d'être vivant après la guerre?"

Je vous demande un peu s'il est sensé de sacrifier un équipage pour des renseignements dont personne n'a besoin et qui, si l'un de nous est encore en vie pour les rapporter, ne seront jamais transmis à personne...
-Ils devraient engager des spirites à l'état-major ...
-Pourquoi?
-Pour que nous puissions les leur communiquer ce soir, sur table tournante, leurs renseignements."

" Nous sommes fin mai, en pleine retraite, en plein désastre. On sacrifie les équipages comme on jetterait des verres d'eau dans un incendie de forêt."

" Mais il est une impression qui domine toutes les autres au cours de cette fin de guerre. C'est celle de l'absurde. Tout craque autour de nous. Tout s'éboule. C'est si total que la mort elle-même paraît absurde. Elle manque de sérieux, la mort, dans cette pagaille."

" Et, ici, dans le bureau du Commandant, la mort ne me paraît ni auguste, ni majestueuse, ni héroique, ni déchirante. Elle n'est qu'un signe de désordre."

" Et c'est afin qu'elle ressemble à une guerre que l'on sacrifie, sans buts précis, les équipages. Nul ne s'avoue que cette guerre ne ressemble à rien, que rien n'y a de sens, qu'aucun schéma ne s'adapte, que l'on tire gravement des fils qui ne communiquent plus avec les marionnettes."

" La guerre n'est pas une aventure. La guerre est une maladie. Comme le typhus."

" J'ai appris une grande vérité. La guerre, ce n'est pas l'acceptation du risque. Ce n'est pas l'acceptation du combat. C'est, à certaines heures, pour le combattant, l'acceptation pure et simple de la mort."

" Désormais chaque explosion me paraît, non nous menacer, mais nous durcir. Chaque fois, durant un dixième de seconde, j'imagine mon appareil pulvérisé. Mais il répond toujours aux commandes, et je le relève comme un cheval, en tirant durement sur les rênes. Alors je me détends, et je suis envahi par une sourde jubilation. Je n'ai pas eu le temps d'éprouver la peur autrement que comme une contraction physique, celle que provoque un grand bruit, que déjà il m'est accordé le soupir de la délivrance. Je devrais éprouver le saisissement du choc, puis la peur, puis la détente. Pensez-vous ! Pas le temps !  J'éprouve le saisissement, puis la détente. Saisissement, détente. Il manque une étape : la peur. Et je ne vis point dans l'attente de la mort pour la seconde qui suit, je vis dans la ressurection, au sortir de la seconde qui précède. Je vis dans une sorte de traînée de joie. Je vis dans le sillage de ma jubilation. Et je commence d'éprouver un plaisir prodigieusement innatendu. C'est comme si ma vie m'était, à chaque seconde, donné. Comme si ma vie me devenait, à chaque seconde, plus sensible. Je vis. Je suis vivant. Je suis encore vivant. Je suis toujours vivant. Je ne suis plus qu'une source de vie. L'ivresse de la vie me gagne. On dit "l'ivresse du combat..." c'est l'ivresse de la vie. ! Eh ! Ceux qui nous tirent d'en bas, savent-ils qu'ils nous forgent ?"

monde

" Notre monde est fait de rouages qui ne s'ajustent pas les uns aux autres. Ce ne sont point les matériaux qui sont en cause, mais l'Horloger. L'Horloger manque."

paix

" A regarder ces routes noires, que déjà je puis observer, je comprends la paix. Dans la paix tout est bien enfermé en soi-même. Au village, le soir, rentrent les villageois. Dans les greniers rentrent les graines. Et l'on range le linge plié dans les armoires. Aux heures de paix, on sait où trouver chaque objet. On sait où joindre chaque ami. On sait aussi où l'on ira dormir le soir. Ah! la paix meurt quand le canevas se délabre, quand on n'a plus de place au monde, quand on ne sait plu où joindre qui l'on aime, quand l'époux qui va sur la mer n'est pas rentré."

 vie, souvenir

" J'ai commencé la vie sur la mélancolie d'un souvenir"

vent

" Le coup de vent qui circulera sur la moisson ressemblera toujours à un coup de vent sur la mer. Mais le coup de vent sur la moisson, s'il nous paraît plus ample encore, c'est qu'il recence, en le déroulant, un patrimoine. Il s'assure de l'avenir. Il est caresse à une épouse, main pacifique dans une chevelure."

blé, pain

" Ce blé, demain, aura changé. Le blé est autre chose qu'un aliment charnel. Nourrir l'homme ce n'est point engraisser un bétail. Le pain joue tant de rôles ! Nous avons appris à reconnaître, dans le pain, un instrument de la communauté des hommes, à cause du pain à rompre ensemble. Nous avons appris à reconnaître, dans le pain, l'image de la grandeur du travail, à cause du pain à gagner à la sueur du front. Nous avons appris à  reconnaître dans le pain, le véhicule essentiel de la pitié, à cause du pain que l' on distribue aux heures de misère. La saveur du point n'a point d'égale."

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité