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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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26 janvier 2022

Jules Matrat

 

Jules-Matrat

feu

" Allait-il ne retrouver de la maison paternelle qu'un tas de décombres noircis où les poutres se dresseraient encore à la façon de bras suppliants ?"

" Le feu ! La grande bête rouge qu'on regarde dévorer les maisons et les récoltes en se rongeant les poings....Les appels des hommes faisant la chaîne pour passer les seaux d'eau...Les hurlements des femmes...Les beuglements des bestiaux....Le craquement des murs lézardés par les flammes...Le tonnerre des toitures s'écroulant....Le ronflement du brasier..."

guerre, soldat

" On distribua une soupe froide. Mais les gars la refusèrent,...La plupart manquaient d'appétit malgré le chemin parcouru. L'épuisement d'abord, la pluie ensuite et aussi les souvenirs, qui attendent toujours le matin pour se montrer, terrassaient les plus forts."

" - Et la guerre, Matrat, qu'est-ce que t'en penses ? Le soldat eut un mouvement d'humeur. A peine commençait-il à l'oublier, cette guerre, qu'on le forçait à s'y replonger. Ce qu'il en pensait ? Mais qu'est-ce qu'on voulait qu'il en pense ? Rien. Une sale époque où on s'embêtait. Pour les contenter, il s'imposa un effort : - La guerre ? Je trouve que c'est dégueulasse ! Il réfléchit un peu : dégueulasse et malsain. On espérait mieux. - T'as pas un souvenir à nous raconter ? Des souvenirs ? Il en était bourré jusqu'aux yeux, mais on ne pouvait pas les raconter parce que c'était de la boue, du sang, de la pluie et de la peur. - Non."

Dieu, bonheur

" la jeune femme ne pouvait s'empêcher de penser avec amertume à son existence. Son bonheur avait duré quinze jours. Quinze jours, tel était le prix des années où elle avait souffert mille morts. Elle songeait, malgré elle, qu'il y a des moments où Dieu tient mal ses comptes."

ville, montagne

" Jules s'enfonça dans la ville comme il entrait dans la forêt, mais au lieu de quitter le bruit des champs pour la quiétude des arbres, c'était le silence qu'il abandonnait  pour pénétrer dans une rumeur dont le seul écho lui donnait le vertige, l'empêchant de respirer à l'aise. Ca commençait par des maisons isolées se multipliant dans les clairières taillées dans les bois proches de la banlieue : une ruse de la ville pour tâter la montagne. Puis les maisons se montraient par deux, par trois, par petits groupes et, insensiblement, le chemin se transformait en rue. On n'y prêtait pas tout de suite attention et, brusquement, on se trouvait tout bête de n'être plus entre les arbres, mais entre des murs. Un moment, on espérait encore qu'il allait y avoir une échappée, qu'au prochain tournant on verrait des prés, mais non, c'était fini : la ville vous tenait, la pierre remplaçait l'herbe."

" - Salut... - Salut...- Vous êtes pas de la mine ? - Non...de la montagne - De la montagne..De la montagne...Le mineur reprit ce mot comme s'il ne le comprenait pas ou comme s'il éprouvait un vrai plaisir à le faire glisser d'un coin de sa bouche à l'autre. Jules se risqua : - Vous connaissez ? - Un peu. J'imagine qu'il doit y faire bon vivre..Le vent, et puis la pluie, et les nuages et l'odeur des champs...Tu as la bonne part , camarade. - Il y a de la place pour tous, là-haut. - Trop tard..T'as vu la gueule que j'ai ? et puis cinq gosses, il faut de l'argent tout de suite......Tiens, Auguste..Il jeta sur le comptoir une pièce de dix sous et, frappant sur l'épaule du Matrat : - Il faudrait du courage pour lâcher le trou où on vit, et le mien, de courage, je l'ai tout usé..."

 mots

" Il lui fallait trouver des mots, mais des mots qui ne ramèneraient pas à Agnin. Il n' y a pas plus traître que les mots. On croit en lâcher un innocent et puis, il éveille des échos qui n'en finissent plus."

mort

" - C'est pas facile, tu sais, de vivre avec un mort...- Il te gêne pas beaucoup - Plus que tu crois ! Il vieillit jamais, lui, tu comprends ? Il est jamais malade, jamais de mauvaise humeur. Il embête personne. Il vient seulement quand on l'appelle. C'est quelque chose de le sentir là, toujours prêt à prendre la relève. A la moindre dispute, je vois les yeux de ma femme regarder quelqu'un que je peux pas voir...Elle se réfugie près de lui."

 

 

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