Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Les  citations sérieuses du docteur Chabry
Archives
26 mai 2022

Le désert des tartares

 

téléchargement

hommes, soldat

" Que restait-il de ce soldat au bout de vingt-deux ans passés au fort ? Tronk se souvenait-il encore qu'il existait quelque part dans le monde desmillions d'hommes semblables à lui même qui ne portaient pas l'uniforme, et qui circulaient librement dans la ville, et qui pouvaient, la nuit, selon leur bon plaisir, aller au lit, au théâtre ou au cabaret ? Non, il suffisait de regarder Tronk pour comprendre qu'il ne se rappelait plus rien des autres hommes, que, pour lui, n'existaient plus que le fort et ses odieux règlements. Tronk avait oublié le doux son de la voix des jeunes filles, il avait oublié comment sont faits les jardins, les fleuves, les arbres autres que les maigres et rares buissons disséminés aux alentours du fort."

années, temps, jeunesse, envie, vieillesse

" Jusqu'alors, il avait avancé avec l'insouciance de la première jeunesse, sur une route qui, quand on est enfant, semble infinie, où les années s'écoulent lentes et légères, si bien que nul ne s'aperçoit de leur fuite."

" "Il me semble que c'était hier que je suis arivé au fort", disait Drogo. Et il en était vraiment ainsi. Cela semblait hier, et pourtant le temps avait tout de même passé, à son rythme immuable, identique pour tous les hommes, ni plus lent pour ceux qui sont heureux, ni plus rapide pour les malchanceux."

" Cependant, le temps passait, toujours plus rapide; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s'arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d'oeil en arrière. "Arrête! Arrête!" voudarit-on crier mais on se rend compte que c'est inutile. Tout s'enfuit, les hommes, les saisons, les nuages; et il est inutile de s'agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d'un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entraîné dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s'arrête jamais."

" Non, physiquement, Drogo n'est pas diminué, s'il voulait recommencer à faire du cheval et à grimper à toute vitesse les escaliers, il en serait parfaitement capable, mais ce n'est pas là ce qui importe. Ce qui est grave, c'est qu'il n'en éprouve plus l'envie, c'est qu'après le déjeuner il préfère faire une petite sieste au soleil plutôt que de se promener sur le plateau pierreux. C'est cela qui compte, cela seul marque le passage des années."

fils, mère

" Et il se dirigeait presque calmé vers sa propre chambre quand il s'aperçut que sa mère parlait. " Qu'as-tu, maman ?" demanda-t-il dans le vaste silence. Au même instant, il comprit qu'il avait confondu le roulement d'une voiture lointaine avec la chère voix. A la vérité, sa mère n'avait pas répondu, les pas nocturnes de son fils ne pouvaient plus la réveiller comme jadis, ils étaient devenus comme étrangers, c'était presque comme si, avec le temps, leur sonorité eût changé. Jadis, ses pas l'atteignaient dans le sommeil comme un appel convenu. Tous les autres bruits de la nuit, même s'ils étaient beaucoup plus forts, ne suffisaient pas à la réveiller, ni les charettes dans la rue, ni les pleurs d'un enfant, ni les hurlements des chiens, ni les chouettes, ni le battement d'un volet, ni le vent dans les cheminées, ni la pluie, ni le craquement des meubles. Seuls les pas de son fils la réveillaient, non pas qu'ils fussent bruyants (Giovanni marchait même sur la pointe des pieds). Aucune raison spéciale, en dehors du fait qu'il était son fils."

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité