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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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23 août 2022

A l'Ouest rien de nouveau

 

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blessure, mort

" On lui a amputé la jambe. Il a une mine épouvantable, à la fois jaune et couleur de cendre; sur sa figure se dessinent ces lignes étrangères que nous connaissons si bien pour les avoir vues déjà cent fois. A vrai dire, ce ne sont pas des lignes, ce sont plutôt des indices. En dessous de la peau, la vie ne bat plus,  elle est déjà reléguée aux limites du corps; la mort travaille l'intérieur de l'organisme et elle règne déjà dans les yeux."

guerre, jeunesse, soldat, front, terre, instinct, horreur, hôpital

" Depuis que nous sommes ici, notre ancienne vie est tranchée, sans que nous ayons rien fait pour cela. Nous essayons plus d'une fois d'en chercher la raison et l'explication, mais nous n'y réussissons pas très bien. Précisément, pour nous qui avons vingt ans, tout est particulièrement trouble : pour Kropp, Muller, Leer et moi, pour nous tous que Kantorek appelle la jeunesse de fer. Les soldats plus âgés sont, eux, solidement reliés au passé; ils ont une base, ils ont des femmes, des enfants, des professions et des intérêts déjà assez forts pour que la guerre soit incapable de les détruire. Mais nous, avec nos vingt ans, nous n'avons que nos parents et quelques-uns d'entre nous, une bonne amie. Ce n'est pas grand chose."

"..nous étions bourrés de pensées incertaines qui, à nos yeux, conféraient à la vie et aussi à la guerre un caractère idéalisé et presque romantique."

" Kropp, lui est un penseur. Il propose qu'une déclaration de guerre soit une sorte de fête populaire avec des cartes d'entrée et de la musique, comme aux courses de taureaux. Puis, dans l'arène, les ministres et les généraux des deux pays, en caleçons de bain et armés de gourdins, devraient s'élancer les uns sur les autres. Le pays de celui qui resterait debout le dernier serait le vainqueur. Ce serait un système plus simple et meilleur que celui où ce ne sont pas les véritables intéressés qui luttent entre eux."

" les canons grondent et rugissent; nous frissonnons...Nos visages ne sont ni plus pâles ni plus rouge que d'habitude. Ils ne sont ni plus tendus, ni plus détendus, et pourtant ils sont différents. Nous sentons que dans notre sang un contact électrique s'est déclenché. Ce ne sont pas là de simples façons de parler. C'est une réalité. C'est le front, la conscience d'être au front, qui déclenche ce contact. Au moment où sifflent les premiers obus, où l'air est déchiré par les coups d'envoi, soudain s'insinuent dans nos artères, dans nos mains, dans nos yeux une attente contenue, une façon d'être aux aguets, une acuité plus forte de l'être, une finesse singulière des sens. Le corps est soudain prêt à tout."

" Lorsque Kat est devant nos baraquements de repos et qu'il dit "ça va barder", c'est là son opinion, voilà tout; mais lorsque c'est ici qu'il dit cela, la phrase prend la dureté d'une baionnette au clair de lune. Elle traverse vivement toutes nos pensées; elle est plus proche de nous et évoque dans cet inconscient qui s'éveille en nous une obscure signification : "Ca va barder." Peut-être est-ce alors notre vie la plus intime et la plus secrète qui vibre et qui se hérisse pour la défense ?"

" Pour personne, la terre n'a autant d'importance que pour le soldat. Lorsqu'il se presse contre elle longuement, avec violence, lorsqu'il enfonce profondément en elle son visage et ses membres, dans les affres mortelles du feu, elle est alors son unique ami, son frère, sa mère. Sa peur et ses cris gémissent dans son silence et dans son asile : elle les accueille et de nouveau elle le laisse partir pour dix autres secondes de course et de vie, puis elle le ressaisit, - et parfois pour toujours."

" Une partie de notre être, au premier grondement des obus, s'est brusquement vu ramenée à des milliers d'années en arrière. C'est l'instinct de la bête qui s'éveille en nous, qui nous guide et nous protège. Il n'est pas conscient, il est beaucoup plus rapide, beaucoup plus sûr et infaillible que la conscience claire; on ne peut pas expliquer ce phénomène. Voici qu'on marche sans penser à rien et soudain on se trouve couché dans un creux de terrain et l'on voit au-dessus de soi se disperser des éclats d'obus, mais on ne peut pas se rappeler avoir entendu arriver l'obus, ni avoir songé à se jeter par terre. Si l'on avait attendu de le faire, l'on ne serait plus maintenant qu'un peu de chair çà et là répandu. C'est cet autre élément, ce flair perspicace qui nous a projetés à terre et qui nous a sauvés sans qu'on sache comment. Si ce n'était pas cela, il y a déjà longtemps que, des Flandres aux Vosges, il ne subsisterait plus un seul homme. Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes."

" Albert le dit très bien : "La guerre a fait de nous des propres à rien." Il a raison, nous ne faisons plus partie de la jeunesse. Nous ne voulons plus prendre d'assaut l'univers. Nous sommes des fuyards. Nous avions dix-huit ans et nous commençions à aimer le monde et l'existence; voilà qu'il nous a fallu faire  feu là-dessus. Le premier obus qui est tombé nous a frappé au coeur. Nous n'avons plus aucun goût pour l'effort, l'activité et le progrès. Nous n'y croyons plus; nous ne croyons qu'à la guerre."

" Feu roulant, tir de barrage, rideau de feu, mines, gaz, tanks, mitrailleuses, grenades, ce sont là des mots, des mots, mais ils renferment toute l'horreur du monde."

" Seul l'hôpital montre bien ce qu'est la guerre."

forêt

" Mais ce qu'il y a de plus beau, ce sont les forêts, avec leurs lisières de bouleaux. Elles changent de couleur à chaque instant. Maintenant, les troncs brillent de la blancheur la plus éclatante et, comme une soie aérienne, flotte entre eux le vert de pastel du feuillage. Un moment après, tout devient d'un bleu d'opale argenté, qui se propage depuis la lisière et qui pose des touches sur la verdure; mais aussitôt, en un endroit, le ton s'assombrit preque jusqu'au noir, lorsque qu'un nuage passe sur le soleil. Et  cette ombre court, comme un fantôme tout le long des troncs d'arbre, maintenant devenus livides, et s'étend à travers la lande jusqu'à l'horizon. Cependant, les bouleaux se dressent déjà comme des étendards solennels, avec de blanches hampes portant l'or rouge de leur feuillage coloré."

 

taille, homme

" Il est d'ailleurs, comique que le malheur du monde vienne si souvent des gens de petite taille : ils sont beaucoup plus énergiques et inssuportables que les personnes de haute stature."

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