Dans le train

silence

« On s'est regardés, en silence, et à un moment j'ai souri parce qu'on n'entendait plus que çà, par-dessus les conversations, notre silence."

bonheur

J'ai senti le bonheur passer chez moi, comme un oiseau rare, une espèce rapide, qu'on a peine à identifier, parce qu'il file au loin et ne se pose pas.

au revoir

« J'étais content que ce soit moi qui le lui dise d'abord (au revoir). Du coup elle m'a répondu mon au revoir, et comme ça je venais d'obtenir une réponse, une sorte de contrat, même, parce que répondre au revoir ce n'est pas comme le dire en premier, pas du tout, c'est un renchérissement, en fait, c'est comme si, dans la bouche de celui qui répond, l'au revoir prenait davantage de sens, signifiait davantage l'envie de se revoir qui gît dans tout au revoir, parce que c'est un mot qu'on répète en somme. Et comme on le répète, c'est comme si on le contresignait, d'où l'idée du contrat. Et j'ai trouvé ça touchant et même encourageant, cet échange. »

sourire

« N'empêche qu'elle est partie. J'avais eu toutefois le temps de capter son demi-sourire, et c'est pareil, les demi-sourires, on croit que les demi-sourires ne sont que la moitié du sourire complet qu'on serait en droit d'attendre, mais non, pas du tout, s'ils sont la moitié de quelque chose, les demi-sourires, c'est bien du sourire qu'on échange, en fait, avec l'autre, car je n'étais pas fou, moi aussi, je lui avais adressé un demi-sourire, de façon qu'il complète le sien, et que nos deux demi-sourires forment un tout, une paire qui tend à s'assembler, un peu comme, dans le baiser, les lèvres aussi s'assemblent. »

malheur

« C'est le malheur qui la rendait forte, qui lui donnait prise sur tout, mais surtout sur moi en vérité, que le malheur ou le chagrin ou n'importe quelle autre disposition mentale de ce genre lui donnait de la force, celle de s'agripper, et alors quand  on tombe on ne tombe pas seul, tout vient avec. »