Le marchand de sable
silence, apaisement
"L'homme était seul au seuil de la nuit. La lune, déjà, se montrait à la fenêtre. L'apaisement venait du ciel et chaque étoile proposait un sourire confiant à la terre. Tout reposait revêtu de silence. La chaîne du chien ne grinçait plus dans la cour; aucun pas ne claquait sur la route."
lecture, livre, souvenirs
" Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'il n'ouvrit son livre. Enfin, il le fit, au hasard...Il avait quité l'âge où on lit un volume de façon suivie, méthodique, où l'on dévore de la première à la dernière page. Il lui suffisait parfois de lire un simple mot ou une phrase, pour qu'en sa pensée se constituât un livre autre que celui qu'il avait entre ses mains, un livre vivant : celui des souvenirs."
statue
" Dédaignant ses études, il passait de longues heures dans les jardins du Luxcembourg, recherchant parmi les statues les reflets d'une vie antérieure. Il enviait la matière dont elles étaient composées, saluant la vie éternelle posée ainsi sur un socle de pierre et dépassant l'humanité d'un regard voyant toujours plus loin."
eau, vie
" Il garda un instant le verre à la main. Il le fit tourner pour voir l'eau y danser. Elle était limpide. Pourtant, lorsqu'on la faisait bouilir, elle déposait toujours un peu de calcaire au fond de la casserole. Ainsi était la vie. L'homme la voyait aussi claire, aussi limpide, ausi fraîche, mais elle contenait pourtant ses impuretés, son dépôt. Eau douce, eau légère, eau tendre du souvenir ! Le coeur la contenait comme une éponge qu'il suffisait de presser entre ses doigts pour que, bien heureuse, elle coulât et rafraîchit la vie, cette plante."
usine
" On roulait lentement dans la ville endormie. On dépassait les faubourgs, on atteignait la campagne. On ne jouissait pas longtemps des pâles attraits de cette dernière, car bientôt les dépôts de l'arsenal apparaissaient et enfin l'usine, dont les lumières brillaient. Au petit matin, elle n'était pas sans beauté. Elle attendait comme un beau monstre sa nourriture humaine."