Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Les  citations sérieuses du docteur Chabry
Archives
24 avril 2015

Dans la guerre

 

9782742744398

mots, lettre, larme

"Au moment de se séparer, on ne sait jamais trouver les mots qu'on voudrait. C'est surement qu'il n'y en a pas. "

"Jules avait donc raison , les mots transformaient le monde. Et lorsque l'on n'était pas de ceux qui les prononcent , on pouvait se préparer à les subir."

"Julia tendit la lettre ouverte à Petit-Louis. Lis fort, dit-elle, que j'entende bien tout ce que dit mon Jules. Chère mère, chère femme, cher frère, lut Petit-Louis. A-t-il mis une date ? demanda Félicité. C'est écrit le 5e, mais je peux pas lire le mois, ça a coulé sur le mot. De l'eau, dit Petit Louis. Ils furent silencieux un instant à cette idée que c'était peut être une larme."

guerre, soldat, pleurs, cheval, yeux, chagrin, baiser, mort, tombes, désespoir, folie

"Alors les femmes restèrent seules. Sur le versant silencieux de la guerre : non pas sous l'orage d'acier mais dans le ruissellement des pleurs, loin du pétillement de la bataille mais dans l'attente anxieuse de ses effets, là où se froisse un visage quand arrive un papier timbré, où une larme se fraye son chemin dans une chevelure jusqu'à l'oreiller."

"Félicité avait mené le cheval Colbert à la réquisition. Il avait le sexe, l'âge et la santé qui convenaient. La guerre buvait à toutes les sources de la vie."

"Les chevaux avaient-ils le plus noble destin ? Ils mouraient debout sous le feu. Mais c'était pour mieux exhiber ensuite l'horreur de leur putréfaction. Ceux qui avaient été bombardés sur les routes, livrés à la nature et aux intempéries, donnaient aux troupes l'impression de traverser un cimetière de monstres."

"On trouvait les chevaux jusque dans les arbres où ils avaient été projetés. Devant ces crucifixions païennes, ceux qui étaient chrétiens se signaient. Si les déplacements d'air que produisaient les explosions étaient capables de faire voler ces géants, quels sommets pouvaient atteindre les frêles carcasses humaines ? Le ciel ! rigolait Brêle en regardant le cadavre amolli d'un étalon blanc enchevêtré dans les branches d'un hêtre."

"Maintenant elle était plus fatiguée de pleurer que de marcher. Car on peut être fatigué de pleurer. Les yeux sont rouges et battus, comme s'ils avaient une mémoire, comme si les larmes les déchiraient pour longtemps. Et l'on peut se remettre à pleurer simplement de sentir ces yeux blessés qu'on a et de reconnaître en eux son chagrin."

 "Elle croyait préférer que Jules partit sans l'embrasser. Saurait-elle jamais vivre un tel baiser ? Le baiser de la guerre, de la vie qui bascule, de la mort possible. Il faut traverser les épreuves sans les penser, se disait Félicité, mais elle n'y réussissait pas et songeait encore : le baiser pour entamer la solitude."

" Fallait-il fermer les yeux de chair pour que l'esprit vit clair ? La guerre réelle ferait-elle tomber l'élan vers la guerre imaginée ? Dans le noir, les hommes ne sont pas des chats, ils le prouvèrent une fois de plus : ils ne virent rien venir, et pas les ténèbres elles- mêmes."

" La noire surprise de la mort des autres venait faire de Jules un guerrier. tuer ou être tué. Voilà donc déjà le coeur de la guerre ! Elle vous changeait un homme. elle vous le configurait en soldat."

"Combattre n'était donc pas un jeu ! Les engagés volontaires, les revanchards, ceux que l'enthousiasme patriotique rendait belliqueux alors qu'ils étaient tendres, tous devenaient maintenant capables de se l'avouer vraiment. On les avait embobinés dans un fil de mots ! L'aventure guerrière n'était pas bravoure et décorations."

"Si on me demandait pourquoi je me bats aujourd'hui, je sais bien ce que je répondrais. Je répondrais que je fais la guerre pour qu'on ne la fasse plus jamais. "

"Il éprouvait une tendresse pour eux. Des hommes qui vous étaient détestables debout dans leur vie devenaient attendrissants couchés dans leur mort. C'était un miracle de la guerre de faire éclore cette compassion dans le temps de la haine, cette certitude que nous sommes proches les uns des autres parce que promis au même sort silencieux."

"et la vérité de ce présent était autre, celle de cette aurore noyée de brouillard pendant laquelle ils creusaient des tombes et des tombes, dans lesquelles ils auraient pu se coucher eux mêmes, puisque la mort des autres avait la figure de la leur, puisque l'obscurcissement du monde les ensevelissait déjà."

"Les ravages de la guerre n'ont pas de limites établies."

"Il n'était qu'un soldat seul avec la lune, et la mort à l'affût faisait moins d'ombre en lui que cette nuit solitaire.N'était-ce pas cela, la solitude et le mal du pays : croire que la lune est moins éloignée de soi que la terre de son cœur ? Il était un soldat dans la nuit."

"Les rumeurs parlaient d'offensive. Brêle disait que la compagnie serait au centre chaud des affrontements. La veille, ils avaient cru voir des cercueils. Tu vois comment ça tourne bien la machine ! disait Arteguy. Il nous envoie le renfort et les boîtes dans la même semaine. Les cercueils en premier pour pas effaroucher les  recrues !"

"Ils portaient sous leur casquette une calotte de fer. Découvrant cette nouveauté dont il était encore privé, Brêle levait les bras au ciel, répétant : Et nous alors ? La tête des vieux soldats ne vaut donc rien ! Puis, se tournant vers les recrues, il souffla : Toute cette invention, ça protège pas de ce qui vient par-dedans. Et il murmura tout bas en faisant une grimace: Le désespoir ! Puis, éclatant de rire : On vous l'avait pas dit que ça vous rend un homme fou, la guerre ?"

"Il suffisait d'un de ces riens et tout à coup la pensée de la mort, proche et probable, enveloppait l'esprit des soldats, comme un fichu la tête, et bien noué sous le menton."

"Du mouvement et du sang à l'avant, de l'attente, des larmes et des prières à l'arrière, c'était le résultat de la guerre toujours totale."

" L'arrière pleurait. Non que les femmes ne fussent que des femmes, fragiles ou larmoyantes, mais parce que la mort entrait dans leur maison comme un secret indécent : sans défunt, sans circonstances, sans explication, sans cercueil."

  coeur, amour

"C'est bien le coeur qui nous tient debout, mais pas parce qu'il bat, simplement parce qu'il aime."

"Comme elle l'aimait à cet instant ! Non pas qu'elle ne l'eût pas su jusqu'à ce jour, mais elle en prenait la parfaite mesure rien qu'à le savoir sur le départ."

vieillesse, caractère, méchanceté, visage, vie

"à partir d'un certain âge, on dirait que le visage (le corps entier parfois) se mêle de dire qui est là-dedans, quelle personne habite cette chair. Julia avait à ce moment de sa vie une figure osseuse, tout en angles et en pointes, sans mollesse aucune, sans douceur, comme était son caractère."

"La grande traversée de la vie peut vous assécher le coeur sans retour, pensait-il. A l'âge de perdre ses dents et ses cheveux, quand la raideur vous attrapait le matin au saut du lit comme la main de la mort, n'en avait-on pas trop vu pour s'attendrir ?"

" Félicité était loin d'envisager le deuil collectif qui était promis à son pays, elle ne pensait qu'à Jules. Tu n'as qu'à te dire qu'il est parti en voyage, souffla Julia, qui observait le manège des yeux de sa bru. Mère sans coeur ! pensa Félicité au-dedans. Comment pouvait-elle se tenir si droite quand son fils risquait de revenir couché ? "

" La vie que chacun reçoit ne compte pour personne autant que pour lui même. Ce qu'il en fait, combien de temps il la mène et la conserve, seuls les témoins de l'origine, père et mère réunis, se préoccupent d'un tel chemin autant que celui qui le parcourt. Julia le disait à son fils : aucun amour ne vaut celui du sang."

"Quelle vie de chien ! répétait Brêle. Je répète ! Quelle vie de chien ! Du moment que c'est la vie, ça me contente, disait Joseph."

attente femmes

"Attendre ! Attendre était une chose insupportable, pensait déjà Félicité. Voilà tout ce qu'on l'on demandait aux femmes, se disait-elle. C'était la première fois qu'elle avait pareille idée, mais sa justesse lui mettait soudain la colère au cœur. Attendre d'être plus grande pour aller au bal. Attendre d'être mariée pour connaître un homme. Attendre un enfant. Attendre que la guerre finisse. Attendre sans participer. Attendre comme une noix, qu'on vous ramasse pour vous jeter dans le panier du malheur ou dans celui du bonheur. Pauvres filles !"

consigne, bravoure, prudence

" As-tu vu ta mère ? demanda Félicité. Jules fit signe que oui. Que t'a-t-elle dit ? demanda Félicité. Elle voulait toujours tout savoir de ce qui disait Julia à son fils. Elle m'a demandé d'être brave et prudent ! dit Jules en riant de cette consigne presque contradictoire."

monde, solitude, souffrance

" Le monde nous est parfois donné tout entier par un seul être, elle avait bel et bien perdu le monde...du moins c'était ce qu'elle éprouvait à ce moment."

" Être celui qui part, être celle qui reste et regarde partir, on ne choisit pas, et qui peut dire quelle souffrance est la plus grande ? Chacun voit que la sienne est profonde ."

" il voulait taire à sa femme ce qu'il endurait : Jules découvrit quelle solitude incombe aux êtres qui mêlent la pureté à leur intelligence du monde."

mort, statistique, arithmétique

" Le jeune Barbet s'était abattu d'un coup : à genoux encore, une main sur la cuisse, une deuxième rafale l'avait attrapé en plein visage. Jules avait crié : Non ! Cela semblait incroyable. En un éclair c'était fait. Mourir devrait prendre tellement plus de temps."

" sa vision du monde s'était obscurcie. Il avait découvert la raison d' État, la mort d'un homme, qui était tout pour cet homme, était peu pour une armée. Elle irait construire un drame familial et une statistique nationale. Pouvait-on  résoudre ce paradoxe ? réduire cette distorsion ? "

" L'arithmétique a sa beauté, mais elle peut devenir plus émouvante que belle lorsqu'elle compte des hommes qui tombent."

sort, ironie

 "Ayant porté ses premiers pas vers le nord, le chien Prince ne passa par Pau, où son maître avait été embarqué en train, trois semaines auparavant, sur un quai à qui le sort, ironique à l'insu de tous, avait attribué les numéros 14 à 18."

ouïe

 "Quel guetteur ! Vous avez l'ouïe fine ! dit le lieutenant. J'avais pourtant l'impression de marcher comme un renard. Un renard qui porterait des godillots cloutés ! dit Jules."

enfant, dormir, bonheur, naissance

"Antoine dormait comme dorment les enfants, à des profondeurs inaccessibles."

"Le bonheur de l'enfance illumine toutes les ombres de la vie. Dans la joie de celui qui grandit pousse la force d'un homme."

" elle s'était laissée aller pour la première fois à ses larmes. Espérance et mansuétude, joie et vaillance lui venaient par l'enfant nouvellement né, elle éprouvait ce grand bouleversement que ressentent les âmes sensibles quand apparaît ou disparaît une vie."

" Un enfant qui naît ouvre une fenêtre dans le coeur de sa mère, par où, tant qu'il vit, coule l'amour qu'elle a pour lui, et par où s'enfuit la vie qu'elle perd quand il meurt.."

" Aussi protégés que soient les enfants des guerres de leurs pères, ils sont atteints, car trop de choses voyagent et se transmettent par le coeur des femmes."

" Il y a dans l'enfance une puissance de vie irrécusable, une gaieté résistante qui veut nier le malheur, un allant ancré et programmé, qui demeure un mystère."

forêt

"La fusillade résonnait sous les futaies, assourdissante. Les balles claquaient sur les troncs comme des gifles nettes. Leurs ricochets promettaient toutes les surprises. Plus jamais je pourrai me balader dans une forêt, pensait Brêle, tu peux tuer un mec sans l'avoir visé !"

rire, amitié

"Cette chaîne de rire était le miracle de l'amitié."

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité