Piranhas

regard

"Le regard est un territoire, une patrie. Regarder quelqu'un, c'est comme entrer chez lui par effraction. Fixer quelqu'un dans les yeux, c'est l'envahir. Ne pas les détourner, c'est affirmer son pouvoir."

banlieue, prison

" on pérorait sur le délabrement des banlieues, sur les immeubles tous pareils et sur le manque d'avenir. Pourtant ces clapiers à lapin existaient, bâtis suivant une géométrie hypocrite qui fait mine de définir un espace de vie et au contraire enferme. Comme en prison....Ils n'étaient pas aveugles et voyaient bien que tout chez eux semblait de troisième ou quatrième catégorie. Des stores déchirés et usés par le soleil, des tas d'ordure brûlées, des murs à l'aspect menaçant. Mais c'était leur quartier, leur seul monde, ils avaient donc intérêt à l'apprécier, quitte à nier l'évidence. C'était une question d'appartenance, et l'appartenance est un pallier d'immeuble, c'est une route."

escadron

" - Mais on n'est pas un groupe - Si, Ensemble, on est un groupe. - T'es en boucle avec ça. Tu veux à tout prix faire ta paranza, a affirmé Dentino. Nicolas s'est ostensiblement gratté l'entrejambe, comme pour souligner qu'on n'évoque pas les rêves à voix haute. Ce mot, paranza, il s'efforçait de le prononcer le moins possible."

silence

" On en peut pas briser le silence, car le silence n'existe pas. Même sur un galcier haut de quatre mille mètres, il y aura toujours un léger grincement. Même au fond de la mer, le battement de notre coeur vous tient compagnie. Le silence ressemble plutôt à une couleur. Il a mille nuances, et ceux qui naissent à Naples, Bombay ou Kinshasa savent les percevoir, mesurer ce qui les sépare."

homme, chance, malchance

" La première règle, celle qui fait qu'un homme est un homme, c'est de savoir qu'il aura pas toujours de la chance. Savoir qu'il en aura une fois, et de la malchance cent fois. Mais les gosses croient qu'ils en auront cent fois, et jamais de malchance."