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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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14 août 2014

Louise Amour

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livre

" Ma vie s'était passée dans les livres, loin du monde, et j'avais, sans le savoir, fait avec mes lectures ce que les oiseaux par instinct font avec les branches nues des arbres : ils les entaillent et les triturent jusqu'à en détacher une brindille bientôt nouée à d'autres pour composer leur nid."

"Je ne voulais que respirer et, dès que je sus lire, je partis dans le grand air des livres."

" Mais plus que tout, les livres étaient ma ligne de fuite. Je les ouvrais avec une lenteur religieuse et, vite, je me glissais dedans comme un petit animal traqué bondit dans son terrier. Chaque phrase m'était l'amorce d'une galerie où je m'enfonçais avec délice."

" Les livres sont de vieux serviteurs sur le dos desquels nous disposons, afin qu'ils les portent à notre place, nos craintes et nos espérances."

luxe

" Je lui parlerais de ma répugnance pour le monde du luxe où l'on accorde plus de soins à une montre ou à un carré de soie qu'à un mourant."

eau

" Ma petite compagne avait les cheveux en broussaille et des cernes sous les yeux. Elle était la reine des flaques d'eau : elle n'en manqua pas une sur le chemin et me fit découvrir la joie innocente de sauter dedans à pieds joints, ressuscitant chaque goutte d'eau en la faisant jaillir vers le ciel d'où elle était tombée."

visage, mère, photo

"Le visage d'une mère est pour l'enfant son premier livre d'images. Ma mère avait un visage de bon pain et j'aimais, quand elle me soulevait de terre et me portait à la hauteur de ses yeux, tapoter de mes doigts boudinés de garçon de trois ans la mie de ses joues claires."

"Un visage trop souvent photographié perd peu à peu son secret."

" Tout visage est une porte et la même porte, selon l'instant où on la pousse, peut donner sur le paradis ou l'enfer."

ville

" Marcher dans Paris ne m'était pas agréable. C'était comme obéir à un monstre qui m'imposait un pas rapide et me jetait sans arrêt au visage des milliers de visage, tous possédés par la même fièvre qui remplissait les vitrines et faisait rouler les voitures. "Vendre, acheter, paraître, écraser" : voilà ce que me chuchotait sans fin la ville barbare."

maladresse

" Je me sentis dans ce lieux et devant cet homme, maladroit et disgracieux - comme une tasse en plastique dans un magasin de porcelaine."

beauté, nudité, cheveux

" Ses cheveux noirs, longs et souples, luisant comme une rivière de corbeaux, la déshabillaient autant qu'ils l'habillaient. Ils donnaient envie de la voir nue, ils étaient le cadre, les rives entre lesquelles on imaginait le fleuve de cette nudité."

voix

"Sa voix s'était engouffrée comme une abeille d'or dans les alvéoles de mon crâne.."

rire, frère, soeur

" J'avais un frère et une soeur plus âgés que moi. Quatre et huit ans me séparaient d'eux, autant dire quatre et huit siècles que nos rires, parfois, traversaient en une seconde."

sourire

"Je crus qu'il y avait dans son sourire assez de chaleur pour faire fondre toutes les neiges et, avec elles, toutes les noires mélancolies des mères hirondelles."

" La clef d'or du sourire de Louise Amour, fine et minuscule comme les clefs en laiton avec lesquelles les adolescentes verrouillent le cadenas de leurs journaux intimes, cette clef enfantine du sourire de Louise Amour avait tourné dans la serrure de mon coeur.."

vie

"Mon père, sans être fortuné, rendait très difficile de lui offrir quelque chose : "J'ai tout ce qu'il est possible d'avoir puisque je suis en vie.", disait-il."

main

" Saisir une main, c'est à chaque fois mettre ses doigts dans une prise électrique et aussitôt connaître l'intensité qui circule sans bruit sous la peau de l'autre."

âme

" Il faut perdre pour apprendre et j'apprenais beaucoup. La vie cache les vivants. Elle les soûle, elle les empêtre dans mille liens futiles, elle les remplit comme des épouvantails avec la paille des soucis ou le papier chiffon des projets. Arrive la mort - ou la grâce d'une épreuve sans issue imaginable- et l'épouvantail brûle en une seconde et du feu surgit un vivant absolu, une personne non encombrée d'elle- même ni infestée par le monde, un tout petit éclat bleuté du grand vitrail de Dieu - une âme."

louange

" J'avais publié deux livres...un court article avait écrit sur eux dans une revue..j'avais relu dix fois de suite cet article pour vérifier qu'il s'agissait bien de moi...j'en avais conçu un plaisir vite évaporé : d'être fêté, même aussi légèrement, ne pouvait réduire la distance qu'il y avait toujours eu entre moi et le monde. Les louanges sont des flèches dont la petite pointe d'or est trempée dans du poison."

bijou

" aucun bijou, même le plus rare, ne serait jamais aussi lumineux que les cerises avec lesquelles les petites filles inventaient des boucles d'oreille rouge rubis."

amour

" personne, jamais, ne fera voir à un homme amoureux ce qu'il ne veut pas voir."

" Louise Amour, quand je ne pouvais la voir, devenait plus haute qu'une cathédrale. Son absence jetait de l'ombre sur tout, comme si une géante avait recouvert de ses jupons la terre entière - village, routes et projets."

" "Voici mes petites soeurs", me dit Louise Amour en me désignant d'un geste ample la roseraie avec ses milliers de pensionnaires penchées les unes contre les autres pour des confidences angéliques. "Vous allez me tromper avec toutes !" ajouta-t-elle, coquette. Je me tournai vers elle, aveuglé par tant de beauté, souriant : " Non, car je vous retrouverai dans chacune.""

deuil, coeur, âme

" Un homme foudroyé par le deuil ou la ruine voit se reformer autour de son coeur, lavé par le feu de la douleur, les anneaux lumineux de l'intelligence et de la compassion."

" Ce pré appartenait à ces endroits qui, dans le monde, ne sont plus du monde. Le ciel vient y heurter la terre et ce genre de rencontre est toujours signée par une plaie franche d'où sourd -comme le sang d'une gorge tranchée - une clarté aveuglante. J'avais découvert la même clarté deux jours auparavant, dans les yeux ordinairement ternes du buraliste près de chez moi, qui venait d'enterrer son fils. Il se tenait en fin d'après-midi sur le seuil de sa boutique, fumant une cigarette. J'avais répondu à son salut sans m'attarder mais j'avais eu le temps de voir le couteau de la douleur enfoncé dans son âme : le manche vibrait encore."

mort

" L'annonce de la mort de Louise Amour avait fait tomber la nuit sur toutes choses vivantes en moi, comme on jette un tissu de soie noire sur la cage où chantait un oiseau, le faisant taire d'un seul coup."

" Tout ce qui depuis la mort de Louise Amour s'approchait de moi m'arrivait sec, vidé, exténué comme après un trop long voyage. Les événements du monde, tambourinant comme une grêle sur le papier des journaux, semblaient du radotage."

 

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