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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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20 avril 2017

Fils du feu

 

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printemps, nature

" Le printemps cette année- là, allez savoir pourquoi, s'était pris pour un 14 juillet, avait allumé tous les pétards et les feux d'artifice enfantés par une sève explosive, et du petit brin d'herbe jusqu'au faîte des arbres, ça claquait de partout : feuilles, fleurs, rameaux, étamines, tiges, hampes, bourgeons, pétales, pistils, brûlaient autant qu'un fer rougi à blanc, projetant autour d'eux des bouquets chatoyants; les arbres fruitiers, devançant les figures de carnaval, se maquillaient déjà de couleurs arrogantes; les arbustes dégoulinaient de guirlandes roses, fuchsia, mauves ou violettes; et la végétation qui rampait encore, à cette époque, aux portes de la ville, éclaboussait les pierres gris bleu des maisons et ornait leurs façades de flaques fauves tandis qu'un soleil en herbe piquait leurs toits de pointes impressionnistes. Et moi, enfant de cinq, six, sept ou huit ans assis dehors sur un petit blanc de bois ou sur un amas de barres de fer rouillées, regardant le paysage en écoutant les bruits de la forge, il me semblait que c'étaient eux, Jacky et papa, qui à grands coups de marteau faisaient éclore tout cela puisque la nature, semblable au fer travaillé sur l'enclume, n'était plus elle aussi qu'un grand choc de lumière et de matière."

 

pleurs, chagrin, larmes

" Maman prend Marguerite-des-Oiseaux entre ses bras et la serre contre son sein et longuement à gros bouillons sanglote. Et ça dure et ça dure.Marguerite-des-Oiseaux et maman ne sont plus désormais que deux grands sacs de larmes. Deux grands lacs de chagrin. Leurs visages ruissellent, leurs paupières se gonflent, elles débordent d'elles-mêmes, deviennent désormais océan d'eau salée, se sabordent mutuellement. Et l'enfant que je suis, les voyant ensemble se liquéfier, se dit, afin de conjurer les larmes qu'il sent monter en lui, qu'il devra peut être, bientôt, à l'aide de cette pince à linge qu'il tient encore entre ces mains, les accrocher toutes deux, les suspendre comme deux tissus humides entre les draps, les taies, les culottes et les slips, afin que le vent les ballotte et en les ballottant parvienne à les sécher."

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