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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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16 décembre 2014

Amok ou le fou de Malaisie

 

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folie

" Ah! vous protestez...je comprends, vous êtes enthousiasmé par les Indes, les temples et les palmiers, tout le romantisme d'un voyage de deux mois. Oui, ils sont enchanteurs, les tropiques, quand on les voit du chemin de fer, de l'auto ou de la rikscha; et, moi, je n'ai pas eu une impression différente, lorsque, pour la première fois, j'y vins, il y a sept ans. Quels rêves, alors n'ai-je  pas faits ! Je voulais apprendre les langues et lire les livres sacrés dans le texte original, étudier les maladies, faire de la recherche; je voulais sonder l'âme des indigènes - oui, c'est ainsi qu'on dit dans le jargon européen-, bref, devenir un missionnaire de l'humanité et de la civilisation. Tous ceux qui viennent de ce côté font le même rêve. Mais dans cette serre étouffante, la-bas, qui échappe à la vue du voyageur, la force vous manque vite; la fièvre - on a beau avaler autant de quinine que l'on peut, on l'attrape quand même, elle vous dévore le corps; on devient indolent et paresseux, on devient une poule mouillée, un véritable mollusque. Un Européen est, en quelque sorte arraché à son être quand, venant des grandes villes, il arrive dans une de ces maudites stations perdues dans les marais; tôt ou tard, chacun reçoit le coup fatal : les uns boivent, les autres fument l'opium, d'autres ne pensent qu'à donner des coups et deviennent des brutes; de toutes façon, chacun contracte sa folie. On a la nostalgie de l'Europe, on rêve de marcher de nouveau, un jour, dans une rue, de s'asseoir dans une chambre bien claire, avec des murs de pierre, parmi des hommes blancs. Pendant des années, on en rêve, et puis lorsque vient le temps où l'on a droit à un congés, on est déjà trop fainéant pour partir. On sait que là-bas on est oublié, inconnu et comme une moule dans l'océan, une moule que chacun foule aux pieds! C'est ainsi que l'on reste et que l'on s'abrutit et se déprave dans ces forêts chaudes et humides. Maudit le jour où je me suis vendu à ce sale trou..."

 voix, visage, inconnu

" La voix dans l'obsurité s'arrêta. La pipe ne brûlait plus. Il y avait un tel silence que, tout d'un coup, j'entendis de nouveau l'eau se briser en écumant contre la carène du navire, ainsi que le battement du coeur, sourd et lointain de la machine. J'aurais volontiers allumé une cigarette, mais je craignais la lueur vive de l'allumette et le reflet sur le visage de l'inconnu."

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