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Les citations sérieuses du docteur Chabry
Les citations sérieuses du docteur Chabry
  • Orpailleur littéraire, voilà ce que je suis. Les livres sont pour moi des rivières dans lesquelles je cherche des paillettes d'or. Mon trésor à moi ce sont les citations que j'extrais de mes lectures, ce sont mes pépites!
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Les  citations sérieuses du docteur Chabry
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18 août 2017

L'invention de la solitude

 

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existence, invisible

"Dépourvu de passion, que ce soit pour un objet, une personne ou une idée, incapable ou refusant, en toute circonstance, de se livrer, il s'était arrangé pour garder ses distances avec la réalité, pour éviter l'immersion dans le vif des choses. Il mangeait, se rendait au travail, voyait ses amis, jouait au tennis, et cependant il n'était pas là. Au sens le plus profond, le plus inaltérable, c'était un homme invisible. Invisible pour les autres, et selon toute probabilité pour lui-même aussi."

livre, solitude

"Tout livre est l’image d’une solitude. C’est un objet tangible, qu’on ramasser, déposer, ouvrir et fermer, et les mots qui le composent représentent plusieurs mois, sinon plusieurs années de la solitude d’un homme, de sorte qu’à chaque mot lu dans un livre, on peut se dire confronté à cette solitude. Un homme écrit, assis seul dans une chambre. Que le livre parle de solitude ou de camaraderie, il est nécessairement un produit de la solitude."

nostalgie, présent, passé

" Sa vie ne semblait plus se dérouler dans le présent. Quand il ouvrait la radio pour écouter les nouvelles du monde, il se surprenait à les entendre comme les descriptions d'événements survenus depuis longtemps. Cette actualité dans laquelle il se trouvait, il avait l'impression de l'observer depuis le futur, et ce présent-passé était si dépassé que même les atrocités du jour, qui normalement l'auraient rempli d'indignation, lui paraissaient lointaines, comme si cette voix sur les ondes avait lu la chronique d'une civilisation perdue. Plus tard, à un moment de plus grande lucidité, il nommerait cette sensation la "nostalgie du présent"."

mort, cravate, voiture, ensevelissement, père, vie, enfance

" S'il y a eu, durant ces quelques jours, un moment pire pour moi que les autres, c'est celui où j'ai traversé la pelouse sous une pluie battante, afin de jeter à l'arrière du camion d'une association charitable une brassée de cravates. Il y en avait bien une centaine, et beaucoup me rappelaient mon enfance : leurs dessins, leurs couleurs, leurs formes étaient inscrits dans le tréfonds de ma conscience aussi clairement que le visage de mon père. Me voir les jeter comme de quelconques vieilleries m'était intolérable et c'est au moment précis où je les lançais dans le camion que j'ai été le plus près de pleurer. Plus que la vision du cercueil dans la terre, le fait de jeter ces cravates m'a paru concrétiser l'idée de l'ensevelissement. Je comprenais enfin que mon père était mort."

" Quand le père meurt, transcrit-il, le fils devient son propre père et son propre fils. Il observe son fils et se reconnaît sur le visage de l'enfant. Il imagine ce que voit celui-ci quand il le regarde et se sent devenir son propre père. Il en est ému, inexplicablement. ce n'est pas tant par la vision du petit garçon, ni même par l'impression de se trouver à l'intérieur de son père, mais par ce qu'il aperçoit, dans son fils, de son propre passé disparu. Ce qu'il ressent, c'est peut être la nostalgie de sa vie à lui, le souvenir de son enfance à lui, en tant que fils de son père. Il est alors bouleversé, inexplicablement, de bonheur et de  tristesse à la fois, si c'est possible, comme s'il marchait à la fois vers l'avant et vers l'arrière, dans le futur et dans le passé. Et il y a des moments, des moments fréquents, où ces sensations sont si fortes que sa vie ne lui paraît plus se dérouler dans le présent."

" Trois jour avant sa mort, mon père avait acheté une nouvelle voiture. Il ne l'a conduite qu'une fois ou deux, et quand je suis rentré chez lui après les funérailles, je l'ai trouvé dans le garage, inanimée, déjà éteinte, comme une énorme créature mort-née. Un peu plus tard dans la journée je suis descendu au garage pour être seul un moment. Assis derrière le volant de cette voiture, j'en respirais l'étrange odeur de mécanique neuve. Le compteur indiquait soixante-sept miles. Il se trouve que c'était aussi l'âge de mon père : soixante-sept ans. Une telle brièveté m'a donné la nausée. Comme si c'était la distance entre la vie et la mort. Un tout petit voyage, à peine plus long que d'ici à la ville voisine."

odeur, pauvreté

" Le plus frappant était l'odeur, comme si la pauvreté n'était pas seulement le manque d'argent mais aussi une sensation physique, une puanteur qui envahit la tête et empêche de penser. Chaque fois que j'entrais dans un immeuble avec mon père, je retenais mon souffle, par crainte de respirer, comme si cette odeur allait me faire mal."

malheur

" Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos dans une chambre."

 

 

 

 

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