Le voyage du père
ville, vent
"Quantin en aspire de longues goulées en pensant à la ville, à cette puanteur des rues, à la fumée d'essence qui pique les yeux et prend à la gorge. Là-bas, même le vent se salit."
"Le plus attirant, c’était encore le fleuve, et il se disait que le fleuve ne faisait pas partie de la ville. Il était comme lui, un passant. Il traversait Lyon entre deux rives pareilles à des murs de prison, et il s’enfuyait"
"..sa tête s'était vidée. Elle s'était vidée de tout ce qui avait été son existence jusqu'à son arrivée ici, pour se remplir de la ville, des visages, des bruits, des voix surtout. Des voix qui répétaient sans discontinuer les mêmes mots. Et ces mots n'avaient plus aucun sens, ils étaient comme le grognement sourd du monstre accroupi devant cette gare et qui s'appelait la ville."
temps, horloge, gare
"Comme dit mon père : de nos jours, c'est l'horloge qui mène le monde, les aiguilles tournent plus vite qu'autrefois."
" Il attendit ainsi pendant un temps qu'il ne pouvait plus évaluer. Un temps qui s'était arrêté de couler. Rien ne marque moins le passage du temps que ce passage des foules anonymes en un lieu où rien ne distingue le jour de la nuit. Car la lumière de cette entrée de gare n'était ni celle du jour ni celle de la nuit. Mais un éternel crépuscule indécis et morne."