Dernier arrêt avant l'automne
écriture, prisonnier
"Je commence à avoir très envie de mon cahier. Tu l'ouvres le matin, tu écris un mot, n'importe lequel, et tu pars en voyage. (...)
Tout est dans les cahiers ! L'odeur des ports, le vacarme des villes, la couleur des forêts, le regard des femmes...Tu vois, si j'avais tué ce type et qu'on m'enferme pendant quinze ans dans une cellule, je demanderais juste un stylo, un cahier, et personne ne saurait où je passe mes journées. Je serais partout sauf dans ma cellule. "
"J'écris le mot tilleul et je suis de tout de suite sous un tilleul, le mot lessive et je revois ma mère étendre des draps dans la lumière du jardin et la joie de sa jeunesse.
Rien n'est plus magique que l'écriture, elle va chercher des débris de vie dans des replis secrets de nous-mêmes qui n'existaient pas cinq minutes plus tôt. On croit avoir tout oublié, on allume une lampe, on se penche sur un cahier et la vie entière traverse votre ventre, coule de votre bras, de votre poignet dans ce petit rond de lumière, un soir d'automne, dans n'importe quel coin perdu de l'univers. "